Dimanche 17 avril. Nous passons la
frontière à Yunguyo avec une facilité incroyable :
10 mn en tout et pour tout et un douanier qui s'inquiéte
même de savoir si à l'immigration ils nous ont
demandé un "propina" (pourboire) ! La Bolivie le pays le plus
pauvre d'Amérique du Sud mais le moins corrompu ... à
verifier mais la première impression est bonne.

COPACABANA
Petite halte fort sympathique pour une arrivée
dans un nouveau pays. C'est un petit port de villégiature au
bord du Lac Titikaka pour les touristes mais aussi pour les Boliviens.
Nous serons amusés de les voir faire du pédalo, du
canoë ou simplement une promenade sur le bord du lac, parfois
d'ailleurs en tenue traditionnelle.

Copacabana, c'est aussi le lieu de la basilique baroque
édifiée pour la Vierge de Copacabana. Ses coupoles en
mosaïque et sa multitude de vendeurs de" bondieuserie" font
tâches de couleurs sur le blanc de ses murs.
Nous verrons de nombreuses voitures décorées d'une
multitude de guirlandes de fleurs fraîches et nous apprendrons
que leur propriétaire les font baptiser ici par le
prêtre.... insolite !

Pour rejoindre la route qui mène
à La Paz, il nous faudra prendre une barge qui relie les deux
rives du lac. Amusant, quoique en vérité pas très
rassurant quand on voit le petit moteur qui nous pousse.... surtout
lorsque notre conducteur nous fait un semblant du coup de la panne au
beau milieu du lac!

LA PAZ
L'arrivée sur la Paz est comme un
mirage. On sort d'un plateau aride pour surplomber la ville qui se
déploie sur tout le flanc de la montagne. L'altitude y varie
entre 3000 m et 4100 m,et contrairement à ce que l'on voit
normalement, la population la plus pauvre habite tout en haut sur ce
que l'on appelle "El alto".
En bas, on trouve les quartiers riches et modernes avec centres
commerciaux, immeubles et maisons cossues. Nous nous offrirons
d'ailleurs un inoubliable "Burger King" qui nous semblera fameux
après des semaines de pâtes, riz et pomme de terre.
L'Automobile Club de Bolivie nous accueillera gentiment dans son garage
pour la nuit et résoudra ainsi notre problème de
stationnement.
Nous quitterons la ville dès le lendemain , les grandes villes
n'étant vraiment pas faites pour nous : circulation intense,
grouillement de monde et parking difficile, le tout avec un
dénivellé incessant.... aurevoir La Paz.

La route jusqu'à POTOSI
Potosi nous attend du haut de ses 4000 m d'altitude,
c'est la ville la plus haute d'Amérique du Sud. Fort
heureusement, notre adaptation à l'altitude n'est plus à
faire puisque voilà maintenant plus de quinze jours que nous
évoluons au-dessus de 3000 m.
Il nous faut près de 7 heures de route pour y arriver et nous
nous offrons une petite halte à ORURO, ville sans charme
construite à côté d'une mine d'étain.
Nous n'avons eu aucun barrage routier, fréquent dans cette
région mais par contre, impossible de trouver du diesel..." il
faut attendre demain", nous dit-on...ici cela semble courant !
Nous hésitons mais reprenons la route pour Potosi,
espèrant tenter notre chance de ravitaillement 100Kms plus loin.
La route est parfaitement goudronnée et le paysage merveilleux :
immensité de plaines plutôt désertiques
entourées de sommets enneigés, lac URU URU miroitant dans
le soleil mais lac de plus en plus asséché,
paraît-il du fait de l'effet de serre.

Nous trouvons du diesel au village suivant et décidons de
poursuivre plus avant dans la montagne, le village n'offrant aucune
possibilité d'accueil.
Pendant deux heures, nous en prendrons plein les yeux.
C'est bien la Bolivie que nous attendions : paysages sauvages de
l'Altiplano aux couleurs changeantes, allant des hauts plateaux
semi-désertiques où sont élevés les
alpagas....

...... aux alpages verts ou encore aux
fantastiques canyons rouges chargés d'alluvions.

Partout, éparpillées dans cette
immensité, on voit des petites maisons en terre et en paille
où vivent encore des autochtones isolés de tout.
Nous croisons ainsi une multitude de bergers qui descendent, pour la
nuit, des sommets avec leurs moutons, alpagas ou ânes. Ils sont
vêtus de ponchos tissés et portent sur la tête des
bonnets colorés avec par-dessus un chapeau de paille, c'est
vraiment étonnant.
Nous ferons un bivouac à côté de quelques maisons
à la nuit tombée. Nous nous sentons en effet plus en
sécurité dans la montagne que dans les villes. Au
réveil, 2 femmes nous observent en riant avec un petit garcon,
elles ont l'air amusé que nous soyons là.

POTOSI
Potosi, déclarée patrimoine de l'humanite
par l'Unesco, nous décoit quelque peu.Son architecture coloniale
est un peu vieillissante et mal entretenue et puis, pardonnez-nous de
jouer les difficiles mais nous avons vu mieux !

Par contre, l'histoire de sa mine d'argent et de ses mineurs est
importante pour notre histoire puisque malgré la mort de
milliers d'indiens au temps des conquistadors, puis d'esclaves avec le
développement du commerce triangulaire, c'est elle qui a permis
au capitalisme de s'installer en Europe. La production d'argent issue
de la mine a été colossale et en a fait une des villes
les plus importantes du 16ème siècle.
La visite est incontournable mais pour cela, il nous faudra
revêtir la tenue adéquate...grand moment d'amusement.
 
Par contre, lorsque nous suivrons la guide dans un des
tunnels de la mine, nous serons horrifiés des conditions de
travail des mineurs. Ceux que nous croiserons mâchent des
feuilles de coca (comme au temps des conquistadors) qui leur
déforment la joue. Cela les dope et leur font oublier la fatigue
...
Il fait noir, l'air est rare et nous n'avons plus qu'une idée en
tête : sortir de la veine pour respirer. Mais notre guide doit
faire partie des représentants du syndicat de la mine : rien ne
doit nous échapper, il faut comprendre vraiment ce que vivent
ces mineurs !
Les enfants seront très impressionnés de voir ce
qu'endurent ces gens mais aussi les enfants" mineurs mineurs"que nous
apercevrons.

SUCRE
Nous quittons Potosi sans regret, direction
le nord-ouest vers Sucre, la capitale historique de la Bolivie, qui fut
délogée de son siège gouvernemental par La Paz au
moment du déclin de son activité économique.
En chemin, nous croisons le bus de français (ils sont
originaires de Charente) que nous avions suivi à folle allure
sur les routes du Pérou au moment des" bloqueo". Ils acceptent
gentiment de nous prendre les évaluations scolaires de nos
enfants, nous sommes, en effet, très en retard mais n'avons
qu'une confiance relative dans le courrier du pays (et le seul DHL que
nous ayons fait au Mexique a été perdu). Nous en
profitons pour leur dire un grand merci .
Sucre est une jolie ville aux maisons blanches et à
l'architecture baroque. Sa situation à 2800m dans la montagne
lui donne un climat agréable et une vraie douceur de vie.

Nous y passerons 3 jours fort
agréables et profiterons de nuits totalement réparatrices
( après plus de 15 jours à naviguer à plus de
3400m, nous en avions besoin), tout en étant installés
sur un parking sans charme mais situé au coeur de la ville.
Nous visiterons un magnifique musée sur le textile bolivien qui
retrace toutes les techniques et les dessins des différentes
communautés d'indiens qui peuplent la Bolivie. Ces techniques
existaient au temps des Incas et ont perduré jusqu'à
aujourd'hui. Les dessins tissés racontent l'histoire et les
croyances de ces peuples.
Les tissus sont superbes et n'ont rien à voir avec ce que l'on
trouve sur les marchés.

Nous trouverons aussi un hâvre de
paix sur une jolie petite place située tout en haut de la ville,
le café expresso y est divin...

... et la vue sur la ville superbe.

Les enfants s'offriront une petite
séance de peinture dans un musée pour enfants et ils
adoreront jouer les artistes :
N'oublions pas un petit tour à
L'Alliance Francaise qui permettra aux enfants de dévorer les Bd
et à nous de regarder le 20H à la
télévision: déprimantes de
désintérêt ces informations ! On croirait que rien
n'a changé en France depuis 8 mois, même pas la cravate du
présentateur...enfin çà je n'en suis pas
sûre...( mieux vaut lire La République des
Pyrénées...)
Bref, on se repose et honnêtement on
en a besoin surtout quand on sait après coup ce qui nous
attend....
La descente vers la frontière
argentine
Samedi 23 avril. Après un
"re-passage forcé" par Potosi, nous découvrons ce qu'est
une route non asphaltée bolivienne. Au-delà de la
découverte, c'est en fait 360 Kms que nous avons à faire
dans ces conditions :

Cette route est en fait une piste poussiéreuse, caillouteuse
avec des passages de petits cours d'eau (par chance les rivières
sont à presque à sec). On risque à tout moment la
crevaison et lorsque l'on croise un camion fou ou un 4X4 sorti tout
droit du Paris-Dakar, on ne voit plus rien pendant 10 minutes. Sans
oublier l'angoisse du pépin mécanique (ce n'est pas un
gardien d'alpaga ou de chèvres qui pourra nous aider!) ou de la
côte que l'on ne peut pas grimper faute d'adhérence ! De
toute façon, on n'a pas le choix il faut passer !
L'étanchéité de RV reste à prouver car la
poussière passe partout et les enfants s'improvisent des masques
de fortune non sans bien rigoler quand il s'agit d'accrocher la
serviette à l'oreille avec une pince à linge !

Après 4 heures de route éprouvante à 40Km/h au
maximum de notre forme, nous décidons de nous arrêter dans
un petit village avant la nuit. Santiago de Cotagaïta semble
sortie de nulle part encore une fois mais sa jolie petite église
nous accueille gentiment.
Le padre du village nous ouvre sa cour fermée pour la nuit et
nous passerons la soirée avec: lui , deux autres prêtres
missionnaires de Colombie et deux soeurs, tout ce petit monde autour
d'un café-chocolat chaud-petits gâteaux secs puis cockail
local et re-gâteaux secs. Ce sera un moment super sympa avec eux
et cela nous remettra du baume au coeur pour la route du lendemain (il
nous reste encore 180 Kms à faire).

Nous sommes encore une fois touchés par cet accueil fraternel et
chaleureux que nous recevons à chaque fois. Quelle belle
leçon pour nous !
Nous reprenons notre route, courageusement,
au travers d'un paysage toujours aussi aride mais de moins en moins
hostile, les montagnes prennent des couleurs et des formes
sculptées, on finit même par la trouver très
agréable.
Nous croisons des boliviens qui accompagnent leurs troupeaux de
chèvres ou d'ânes et il nous est vraiment difficile de
savoir de quoi ils vivent au fond de ces vallées d'altitude.

La dernière partie du parcours est
la pire car, en plus de la poussière, des cailloux, nous
cahotons de tous côtés du fait de petites bosses continues
sur la piste. Nous souffrons pour notre camping-car qui tient le coup
malgré tout ce que nous lui infligeons.

Enfin, au bout de 5 heures de route, nous sommes à la
frontière argentine à Villazon- La Quiaca. Quel
soulagement de retrouver des routes goudronnées.
Pour la petite histoire, cette route n'est rien de moins que la
panaméricaine, les crédits pour l'asphaltage sont
votés depuis 1962 mais les travaux toujours attendus ! Par
contre, il faut reconnaître que pour l'axe La Paz- Potosi, la
route est superbe contrairement aux indications de nos cartes et de
notre guide !
La vie à bord
RV, tout d'abord, nous lui devons bien de
commencer par lui car il est pour nous une vraie aubaine . aucune
défaillance de sa part seulement quelques bricoles à
arranger dans l'habitacle mais Bertrand s'en débrouille
parfaitement.
En ce qui nous concerne, il nous tarde de
retrouver un pays un peu plus civilisé car depuis Nasca au
Pérou, pas de supermarchés (honnêtement dans les
épiceries, on ne sait pas trop quoi acheter à part du
pain, du lait, du thon et des pâtes), pas de campings et
débrouille totale. Nous ne pensions pas que les clichés
carte postale des péruviens ou boliviens en habit traditionnel
était une telle réalité. C'est plus qu'une
réalité, ils vivent comme nous vivions dans nos campagnes
au Moyen Age !
Nous ressentons une fatigue latente, 8 mois de voyage dans les
conditions que nous vivons, çà en userait plus d'un.
Heureusement, nous sommes toujours émerveillés par les
paysages que nous traversons, la vie sur l'altiplano est une vision
inoubliable et la gentillesse des boliviens authentique.
Enfin, nous sommes à un mois du
retour et cela joue aussi. Les enfants parlent sans cesse de la
famille, de leurs amis, de leur école et de ce qu'ils feront en
rentrant.
Ils font des paris pour savoir qui viendra les chercher à
l'aéroport, travaillent dur sur leurs carnets de voyage (Marion
faisant aussi de jolies aquarelles) pour partager le voyage avec leur
entourage et répètent un petit spectacle-chanson à
jouer à la kermesse de leur école.
Quant à nous, nous élaborons
des projets, nous rêvons de la France (eh, oui c'est possible) et
nous nous préparons au retour....

Brèves
Bertrand a revu sa coupe de cheveux
à la Paz.... il a testé la coiffeuse aux doigts de
couturière.... résultat elle l'a presque scalpé au
grand désespoir de sa femme qui doit dorénavant veiller
aux coups de soleil sur le crâne de son tendre et cher.

Anne-Sophie a fait de grands progrès
en espagnol. C'est ainsi que déposant son linge dans une
lavanderia et pensant le récupérer le lendemain à
9 heures, on lui annonce qu'il ne sera prêt qu'à 19 heures
! Prêts à partir pour le sud, nous perdons ainsi une
heure, ce qui n'agace pas du tout Bertrand dans son planning
très serré....
Rien ne semble entamer le moral des 3
grands.... même pas les repas pâtes boliviennes à
répétition qui malgré le respect de la cuisson "al
dente" restent toujours aussi collantes ! Par contre, celui de leur
papa est largement entamé par le parmesan bolivien dont la
consistance est plus proche de celle de fragments de fibre de verre !
Fort heureusement, les incontournables sandwiches du midi au thon ou au
fromage suivant les jours, ont été largement
amélioré par des petits pains délicieux (rien
à envier à ceux de France) et la consommation courante de
coca-cola pour ses vertus thérapeutiques déclenche la
joie des enfants.
Martin acquiert la propreté dans le
camping-car, ce qui ne manque pas d'embêter quelque peu
Bertrand... vive les vidanges toilettes !!!

L'Argentine, notre dernier pays nous attend
et nous nous réjouissons de retrouver Nathalie, Guillaume et
leurs enfants à Mendoza.
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