PANAMA     

 

Dimanche 6 mars 2005. Nous franchissons la frontière avec comme seule difficulté celle de trouver les différents bureaux mais cette fois avec l'aide d'un tramitator (intermédiaire)incontournable, tout se passe très facilement.
La chaleur est moins humide en quelques kilomètres par rapport à celle du Costa Rica mais la température reste très élevée, environ 38 degrés. Les enfants qui attendent que nous remplissions les différents papiers, regardent un DVD dans le camping-car. Sur les bonnes idées de Marion, ils se remuent le plus possible pour bien transpirer et pouvoir venir vers moi comme de petits malheureux afin de se faire offrir une glace ou une boisson fraîche. Malheureusement pour eux, je ne comprends pas leur petit manège et les installent à l'ombre avec un peu d'eau !!! C'est Luc qui me racontera leur "plan râté " quelques jours plus tard.

Nous prenons alors la direction de Boquete, petit village situé en montagne pour espèrer trouver un peu de fraîcheur. Celle-ci vient à nous au fur et à mesure que nous avançons vers les montagnes mais, à Boquete, il nous semble vraiment difficile de trouver un endroit pour la nuit.
Heureusement, Philippe, un français installé au Panama et mariée avec Mirna, une panaméenne, s'approche vers nous, intrigué par notre plaque d'immatriculation. Avec beaucoup de gentillesse, ils nous inviteront à dormir chez eux mais aussi à partager un barbecue. Les enfants sont ravis : ils dînent en regardant "StarWars" à la télévision et qui plus est, en français. Martin, quant à lui, préférera sortir tous les jouets de Pierre Edouard, le petit garçon de nos hôtes. C'est pas si souvent qu'il a autant de jouets à étaler partout !
Nous passerons une soirée très sympa que nous n'oublierons pas et nous en profitons pour dire un grand merci à Philippe et Mirna pour leur sens de l'accueil. Nous espèrons les recevoir chez nous à "onnesaitpasencoreoù" lors de leur prochain séjour en France.

Dès le lendemain, nous reprenons la route vers Panama City, car nous n'avons pas de temps à perdre pour trouver un bateau. Ce sont 500 Kms d'une route en très bon état, qui nous change de celles du Costa Rica, que nous parcourons en traversant une campagne quasiment déserte.
Au Panama, presque 75% de la population est concentrée dans la capitale et l'essentiel de l'activité du pays est constitué par le transport maritime sur son célèbre canal.
Nous arrivons à Panama City par le pont des Amériques qui enjambe le canal et nous avons l'impression de toucher à une page importante de l'histoire du commerce. Pour beaucoup de gens, ce pont constitue la limite entre les deux Amériques.

Nous étions prévenus, Panama City, c'est le Miami de l'Amérique centrale et la vue sur les tours modernes du centre ville nous surprend. C'est la première capitale moderne que nous rencontrons depuis les Etats Unis....on n'efface pas près de 80 ans d'influence américaine. D'ailleurs, si la monnaie du pays est le Balboa, Panama n'imprime pas ses billets, ce sont les dollars qui sont utilisés ici, seulement certaines pièces américaines sont frappées à l'effigie de Balboa (vous ne serez pas surpris qu'elles ne soient pas valables aux USA).

Une nouvelle vie citadine

Grâce aux bons tuyaux de" campingcar autour du monde", nous allons demander l'autorisation à l'hôtel El Panama de nous installer sur son gigantesque parking, ce qu'il accepte pour une durée limitée. L'endroit est sécurisé et bien situé puisque en plein centre ville mais nous mesurons l'urgence de le quitter le plus vite possible car ici tout est bitume et sans ombre.

Notre première balade à pied dans la ville nous fait croiser le jeune président de la République panaméenne, Martin Torrijos (il est le fils de l'ancien dictateur du pays, qui fut, d'ailleurs, la victime de Noriega dans un "accident" d'avion), qui répond très simplement aux petits signes des enfants.Cette gentillesse spontanée, nous la rencontrerons ensuite chez tous les panaméens.

Bertrand passe deux jours à téléphoner à toutes les compagnies maritimes, mais la tâche s'avére rude. Les premiers départs s'annoncent pour la fin du mois... dur,dur. Nous rendons visite à l'agence qui nous semble la plus concernée par notre requête. 5 minutes dans ses locaux avec les 4 enfants lui feront prendre conscience de la nécessité de nous trouver un bateau au plus vite.

Il nous faut nous organiser pour passer le temps "au frais" et nous trouvons rapidement quelques activités quotidiennes voire pluri quotidiennes.
Le personnel de l'agence Claro-com, un des nombreux cafes internet/telephone de la ville où nous prendrons nos quartiers, accueille nos enfants comme de vieux habitués. Ayant eu la bonne idée, en effet, d'y avoir installé un coin jeux, nos 4 aventuriers reprennent le cours d'une vie moderne.

L'Alliance Francaise nous fournira une autre alternative avec sa bibliothèque pour enfants très bien fournie en "J'aime Lire", "Tintin"et autres BD. Nous y emprunterons quelques DVD en francais pour changer des nôtres. (les enfants finissant par connaitre, par coeur, certaines répliques de notre "vidéothèque", ils s'amusent souvent à jouer "les choristes" pendant la route, Martin entonnant le"O nouit" avec beaucoup d'application).
Enfin, il nous arrivera de "squatter" discrétement la gigantesque piscine de l'hôtel , quoique discrétement avec 4 Vergez-Pascal Juniors dans l'eau, c'est quasiment impossible ! Nous nous contenterons, Bertrand et moi, de prendre une boisson fraîche au bar en prenant l'air très dégagé, tentant d'ignorer ces 4 enfants bruyants mais nous serons vite démasqués par Martin essayant de quémander des frites à tous les clients au bord de l'eau ( avec succès chaque fois) et revenant vers nous rayonnant, voire triomphant même. Difficile d'y rester insensible, non!

En ce qui concerne le côté "confort de notre vie, il nous faut, pour pouvoir bien dormir la nuit à cause de la chaleur ambiante, utiliser la climatisation du camping-car qui fonctionne seulement avec notre groupe électrogène. De ce fait, Bertrand, "camping-cariste multicartes" ajoute à sa panoplie d'activités, celle de mettre de l'essence dans le groupe avant de se coucher ou parfois même la nuit quand nous tombons en panne sèche.... c'est qu'on appelle les joies du camping !

Vendredi 11 mars: une piste de cargo s'offre à nous avec un départ rapide. C'est inespéré mais il est vrai que mon mari n'a rien perdu en efficacité de travail .... à bon recruteur, salut ! La confirmation nous sera donnée le lundi ou mardi et nous ne pouvons nous empêcher d'y croire un peu, beaucoup....

C'est donc l'esprit plus léger que nous allons voir d'un peu plus près "ce canal de Panama" par lequel passera notre transporteur maritime. Nous choisissons parmi les 3 séries d'écluses du canal, celle de Miraflores, située du côté pacifique.

Le canal de Panama

Une fois encore, la France a perdu l'occasion de crier un cocorico tonitruant puisque notre légendaire Ferdinand de Lesseps qui construisit le Canal de Suez en 1869 fut à l'origine du projet de construction du canal de Panama 10 ans plus tard. Le sort en décida autrement puisque l'administration de la Compagnie Universelle du Canal Interocéanique de Panama (avec un nom pareil cela ne peut être que français) fit faillite en 1889 et les maladies tropicales décimèrent les équipes de travailleurs français. Malgré un second essai aussi peu concluant, les privilèges détenus sur la construction du canal furent alors vendus aux Etats-Unis en 1904.
Avec 75000 hommes, beaucoup d'argent et 10 ans d'un travail acharné, l'inauguration du canal eut lieu le 15 août 1914. Les américains bénéficient alors d'un contrôle total du canal et, pour leurs navires, de coûts d'utilisation minimes contrairement aux autres utilisateurs.
En 1979, de nouveaux accords furent conclus entre le Panama et les Etat Unis redonnant l'administration totale du canal aux panaméens à partir du 31 décembre 1999, ce qui semble quelque peu légitime. C'est donc le canal du Panama appartenant aux panaméens que nous allons admirer parcequ'honnêtement nous sommes impressionnés par la prouesse technique.

Le canal mesure 80 Kms de long, il est constitué de 3 séries d'écluses et du lac de Gatun créé de toute pièce avec un barrage, pour alimenter en eau douce le tirant d'eau des écluses. Le lac Gatun est situé à 26 mètres au dessus de la mer.
A l'écluse de Miraflores, nous assistons au passage d'un énorme cargo porte containers, tiré et guidé par des locomotives de chaque côté et qui passe tout juste dans le canal. Il nous semble qu'il ne reste que quelques centimètres entre la coque et le mur de l'écluse. La largeur des "chambres étages " est de 33, 53 mètres et celle des bateaux doit être de 32,3 mètres maximum. C'est le cas des Panamax, les plus larges bateaux.
Lorsque le bateau est amarré à l'entrée de l'écluse, le niveau de l'eau monte de 8 mètres en quelques minutes et les portes s'ouvrent ....

.....laissant passer ce monstre marin qui semble tout à coup emprisonné par les murs de l'écluse.

Un bon dénouement

Mardi 15 mars 2005, on n'y croyait plus mais çà y est, nous avons une place pour notre RV sur le cargo. Il sera chargé sur le bateau avec une grue en "flat rack", c'est à dire sur une plateforme installée au-dessus des containers !

Nous avons passé la première étape mais il faut sans tarder franchir la suivante. Dans le voyage, chaque petite victoire engendre une nouvelle situation et avec de nouveaux défis.Ici, obtenir le passage en douane du véhicule dans une administration panaméenne totalement désorganisée, et ce en deux jours puisque le bateau part vendredi matin.
Avec l'aide d'un intermédiaire, Bertrand passe une première journée dans les locaux des douanes pendant que nous l'attendons dans le camping-car sur un parking d'un quartier très pauvre. Les enfants feront, une fois encore, preuve de beaucoup de patience, le voyage étant très formateur à ce niveau là.
Ils accepteront sans trop de mal de donner leurs vélos (sur le bateau, ils seraient inévitablement volés) à trois petits garçons du quartier qui sont venus discuter gentiment avec nous. Le sourire qu'ils auront sur le visage en repartant avec les bicyclettes suffira à faire oublier les quelques regrets de nos chérubins. Ce cadeau nous vaudra ensuite la visite de tous les gamins du quartier, parfois envoyés par les parents pour nous quémander.
Il nous faudra rester enfermés dans le véhicule avec une température de sauna jusqu'à la fin de la journée et nous serons soulagés de voir enfin Bertrand arriver après que 3 personnes différentes m'aient conseillé de quitter l'endroit "muy peligroso".

Le lendemain c'est le grand jour, Bertrand condamne l'avant du véhicule avec le contreplaqué pour éviter le vol et nous faisons nos sasc à dos dans l'excitation générale... il y a comme un petit air de retour au pays avec tous ces préparatifs ! Nous nous retrouvons en un rien de temps à l'hôtel dans une chambre aux dimensions incroyables puisque nous doublons notre surface habitable (!), avec une grande douche, l'air conditionné et une télévision. Les enfants touchent à tout, ils sont ravis de leur nouvelle installation.... l'hôtel un peu moins car pendant 5 jours, il y a aura comme un brin de folie au quatrième étage !

Nous profiterons de ces quelques jours pour faire des petits achats à Panama city, tout y est beaucoup moins cher. Nous investissons dans un nouvel appareil photo (le dernier n'ayant pas survécu à sa chute), indispensable pour continuer notre voyage et nos carnets d'aventures. Désolé, vous n'aurez pas d'excuse pour ne pas nous suivre !


Privés de cuisine, nous testerons bon nombre de petites cantines aux prix très abordables ( 2 dollars pour un plat copieux). La monnaie Thomas appréciant sans réserve le bistec picado, Luc : la ropa vieja, Marion: la paëlla, Martin: l'ambourguesa con papas, Anne-Sophie : le soundaie a la fresa (un essai pas concluant) et Bertrand: les platanos et tous unanimement les fruits tropicaux savoureux: ananas et mangues dont nous aurons fait une vraie cure.

Sur les traces du passé

Nous partons arpenter les rues du Casco Viejo, quartier colonial de Panama. Les maisons sont magnifiques mais la plupart dans un état d'insalubrité incroyable, beaucoup de panaméens préférant vivre dans de confortables immeubles modernes.
Depuis peu, le quartier proche du palais présidentiel est en restauration et cela fait plaisir de voir que ces maisons chargées d'histoire vont pouvoir vivre une nouvelle vie.

Panama City, fondée en 1519 par les espagnols, fut le lieu de passage de l'or récupéré dans les colonies espagnoles du Pacifique pour le ramener dans le royaume d'Espagne. Inévitablement, la ville devint la cible des pirates et notamment d'un pirate anglais Henry Morgan qui pilla et détruisit entièrement Panama City. Elle fut reconstruit quelques années plus tard à l'endroit de Casco Viejo et les constructions témoignent encore de la richesse de l'époque.

Un petit tour sur la magnifique "Plaza de Francia" située devant l'océan pacifique et arrêt solennel devant l'ambassade de France ! Plusieurs monuments ont été érigés en mémoire des 22000 travailleurs français morts pour la construction du canal, la plupart tués par les maladies tropicales.

Plusieurs communautés d'indiennes vivent au Panama, la plus importante étant celle des "Kunas". Nous en croiseront beaucoup à Panama City car elles viennent y vendre leur artisanat qui est constitué principalement du "mola", tissus assemblés en patchwork pour former des dessins colorés de toutes sortes. Elles portent des vêtements très colorés et leur rang est d'autant plus élevé que le nombre de bracelets de perles est important autour de leurs mollets.

Rapide passage en revue des troupes

Mardi 22 mars 2005. Nous voilà prèts à prendre l'avion pour le Pérou. Une autre étape du voyage se prépare et nos quatre aventuriers sont plus que jamais décidés à bien profiter des deux derniers mois qu'il nous reste avant de retrouver,et avec quel plaisir, notre famille et nos amis !

Notre aventurière exploratrice se réjouit de découvrir le Pérou même si le shopping de Panama City c'était sympa aussi.

Thomas, en manque d'espace dans les grandes villes va pouvoir libérer son énergie dans la Cordillère des Andes.

Luc est content de trouver une nouvelle source d'inspiration au Pérou pour ses dessins.

Martin a enfin compris comment faire un sourire naturel devant un appareil photo !

Et voici, non pas notre petit dernier mais un des merveilleux perroquets aux couleurs incroyables que nous avons vu au Panama et qui plaira sûrement à nos petits neveux, nièces et filleul(les).